CINÉ-PHILO - Plan 75
"Notre deuxième séance de Ciné-philo sera consacrée à la question de l’euthanasie, autour du film, sorti en 2022, de Chie Hayakawa, Plan 75, une dystopie glaçante qui pourrait très bien devenir une réalité dans un avenir plus ou moins proche.
Afin de régler le problème du vieillissement, le gouvernement japonais met en place un projet baptisé « Plan 75 », qui propose aux personnes âgées de plus de 75 ans se sentant inutiles à la société de s’inscrire à un protocole de mort assistée, moyennant une prime de 100 000 yens dont elles pourront disposer à leur guise. Des agents dépêchés dans tout le pays sont chargés de recruter des candidats au suicide et de les accompagner jusqu’à leur dernier souffle, à l’instar de cette tradition japonaise ancestrale, l’Ubasute, qui voulait qu’on abandonnât au sommet d’une montage une personne se sentant proche de la mort.
A l’heure où le projet de loi instaurant « l’aide à mourir » semble faire l’objet, en France, d’un large consensus, Plan 75 jette une lumière particulièrement crue sur cette pratique dont les enjeux sont considérables. Ainsi, a-t-on le droit de donner la mort pour des raisons humanitaires ou l’interdiction de tuer doit-elle rester la seule règle ? Faut-il aller jusqu’à légaliser l’euthanasie active comme c’est le cas dans plusieurs pays ? Lorsqu’il s’agit d’aider à mourir, l’euthanasie est-elle l’ultime solution ? Plus fondamentalement, que peut bien signifier l’expression, devenue un slogan, une évidence indiscutable, « mourir dans la dignité » ? Est-ce à dire qu’il existe des gens qui meurent dans l’indignité ? Est-il nécessaire d’avoir une vie « digne » pour avoir le droit d’être et de rester en vie ? Notre vie doit-elle être méritée ? En d’autres termes, sommes-nous indignes de vivre lorsque notre vie devient indigne ?
La question de l’euthanasie, qui relève de la tragédie, c’est-à-dire d’un ensemble de situations auxquelles il n’y a pas de solutions heureuses, nous confronte à une opposition manichéenne entre deux extrêmes apparemment irréconciliables dont nous nous demanderons s’il est possible de sortir : d’une part, l’ultime liberté consisterait à mourir dans la dignité, fût-ce indirectement grâce à l’intervention d’autrui ; d’autre part, le caractère sacré de la vie serait un principe infrangible, quelles que soient les conditions de la personne concernée."
Olivier Verdun
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